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L'extraordinaire, c'est quoi ?
Qu’est ce que l'extraordinaire ?
Notre quotidien foisonne de moments particuliers, souvent subtils, parfois intenses, que nous n’arrivons pas à expliquer et que faute de mieux, nous qualifions d’extraordinaires.Ces expériences nous placent dans une zone frontière de l’esprit humain, un espace où il est aisé de perdre ses repères. Elles suscitent deux formes de réactions opposées : rejet ou fascination. Mais pourquoi n’aurions-nous le choix qu’entre ces deux options ?
Expérience de mort imminente, sentiment de contact avec un défunt, sortie hors du corps, prémonition, coïncidence, phénomène télépathique, etc. Une expérience extraordinaire est une expérience profonde et très souvent transformatrice pour celui qui la traverse. Souvent qualifiée de « surnaturelle », elle prend la plupart du temps des formes peu habituelles, voire incompréhensibles du point de vue des connaissances scientifiques actuelles. Elle renvoie ainsi au système de croyance et de référence culturel du sujet et de son entourage.
Entre interprétation, croyance, hallucination et réalité
Toute société génère en effet nécessairement une définition consensuelle de ce qui est « réel » et de ce qui ne l'est pas. Or, les expériences extraordinaires brouillent les pistes car elles plongent le sujet dans une réalité inhabituelle et mettent la science moderne face à des « anomalies ». Elles renvoient le sujet, son entourage et les thérapeutes à un domaine que le consensus médical juge « irréel » ou que les médias qualifient encore de « paranormal » ou « surnaturel ». Pour le sujet, le regard porté sur son vécu complique encore l’intégration de son expérience, parfois éprouvante à traverser, tant elle remet profondément en cause son sentiment d’identité.
Confrontée à une expérience extraordinaire, la personne peut être amenée à rechercher de l’aide auprès d’un professionnel de santé. Face à ces expériences inhabituelles, le thérapeute peut, soit se conformer à la vision standard de la société, soit s’abstenir de tout jugement et, à partir de l’expérience du patient telle qu’elle a été vécue par lui, procéder à une évaluation subtile et complète mais dénuée de tout a priori. Comme aucun élément de la recherche scientifique actuelle ne permet de prouver ni de réfuter la réalité objective de ces expériences, le thérapeute doit être attentif aux effets de l’expérience sur la personne qui en a été l’objet. Le risque le plus grand pour le sujet est en effet de voir « pathologiser » son expérience qui, pour extraordinaire qu’elle soit, fait partie du champ des expériences humaines. Ainsi, une médication abusive supprimerait non seulement les symptômes, mais aussi les capacités du sujet à intégrer son expérience. Un étiquetage erroné (psychose, etc.) conduirait à un cursus psychiatrique empêchant toute évolution du sujet, alors même que l’expérience portait potentiellement en elle le germe de transformations personnelles profondes.
Pour le praticien, les expériences extraordinaires sont donc un véritable défi, car elles présentent parfois des caractéristiques similaires à des troubles mentaux, et peuvent induire différentes complications si elles sont mal accompagnées. Elles nécessitent donc d’être abordées avec un état d’esprit rigoureux mais ouvert, sans jugement ni préconceptions. Le thérapeute doit donc être également attentif au conflit intérieur que peut faire naître, chez lui aussi, ces expériences.